Du côté du web n° 44 du 3 novembre 2011

L'illégalité de la destruction de l'essai de Colmar sanctionnée : l'INRA rassuré
Le tribunal correctionnel de Colmar a condamné vendredi 14 octobre 2011 62 " faucheurs volontaires" à une peine de deux mois de prison avec sursis. Ils avaient saccagé et détruit un essai en plein champ portant sur 70 porte-greffes génétiquement modifiés pour tester leur éventuelle résistance à une maladie de la vigne, le court-noué. Six d'entre eux, des récidivistes, ont en outre été condamnés à 1.200 euros d'amende à verser sous peine d'effectuer une peine de prison ferme. Tous ont été condamnés à verser solidairement 57.000 euros à l'Inra, 3.000 au titre du dommage matériel, 50.000 au titre du préjudice scientifique et 4.000 pour les frais de justice, auxquels s’ajoute un euro symbolique au titre du préjudice moral.

L’Inra est rassuré de la réponse pénale adressée par la justice aux faucheurs, qui ont été poursuivis et condamnés pour la destruction d’une parcelle OGM destinée à la recherche publique. En effet, les peines de prison prononcées, doublées pour les récidivistes de jours-amendes, sanctionnent une intrusion et une action extrêmement violentes et douloureusement vécues par la communauté scientifique locale alors que leurs auteurs évoquent un acte soi-disant symbolique. Cette condamnation pénale prononcée en première instance est en outre satisfaisante car l’Institut n’a jamais tenté d'obtenir la peine maximale mais plutôt l'application de la loi pour qu'un droit au fauchage des recherches menées par les organismes publics ne soit pas instauré de fait. Car en s’attaquant à la recherche publique, les faucheurs nuisent à sa capacité d’expertise et à ses compétences, pourtant indispensables pour répondre aux questions que pose la société.

L’institut se félicite d’autant plus de cette condamnation claire que :
- l’essai était légal, sans vocation commerciale et financé par le seul argent public ;
- les modalités de cette recherche ont été conçues, préparées et suivies par un comité local issu des mondes viticole, syndical, et associatif, démarche inédite d’ouverture complète et de réponses aux questions scientifiques posées ;
- des conditions strictes avaient été posées par ce comité pour empêcher toute dissémination: les porte-greffes ne produisaient pas de fleurs et les inflorescences du greffon (non OGM et non alsacien, quant à lui) étaient éliminées avant floraison ; une bâche installée dans le sol retenait par ailleurs les nématodes, minuscules vers porteurs du virus du court-noué.
- le protocole prévoyait une stérilisation de la terre utilisée et une incinération des matériaux en fin d’expérimentation ;
- il était une composante d’un programme plus vaste explorant d’autres pistes de lutte contre le court-noué ; la jachère, la lutte biologique et la sélection variétale traditionnelle.

L’Inra forme le vœu que cette conclusion positive pour la recherche publique permettra de lancer de nouvelles interactions entre la communauté scientifique et la société sur des sujets qui font débat et contribuera à en exclure toute forme de violence.
Contact : Jean-François LAUNAY
Mél : jean-francois.launay(a)paris.inra.fr

Un regard sur deux articles marrants sur les OGM en Argentine et aux USA
1. Effets environnementaux et sociaux de l'utilisation non-contrôlée des biotechnologies en Argentine
Cet article critique, intitulé « A Research of the Environmental and Social Effects of the Adoption of Biotechnological Practices for Soybean Cultivation in Argentina », concerne la pratique sans labour dans la Pampa argentine :
http://www.scirp.org/journal/PaperInformation.aspx?paperID=7592

Encore une fois, ce papier sur l’Argentine est bien loin de la réalité du terrain avec une conclusion sur la réduction du nombre de fermes soi-disant à cause de l’introduction du Soja RR en Argentine : « Farms smaller than 190 hectares, therefore, ceased to be “competitive” in Buenos Aires State, it can be observed a reduction of 24.2% in the number of farms ».
Ils oublient qu’entre 2000 et 2010, le nombre d’agriculteurs a aussi été réduit de 25% en France où il n’y a pas de culture transgénique (source recensement agricole).

2. Emploi des pesticides, résistance d'adventices et questions économiques en 15 ans de culture. Le cas des Etats-Unis Bonny, S. 2011. Herbicide-tolerant Transgenic Soybean over 15 Years of Cultivation: Pesticide Use, Weed Resistance, and Some Economic Issues. The Case of the USA. Sustainability 2011, 3(9), pp. 1302-1322. http://www.mdpi.com/2071-1050/3/9/1302/

1. “This increased use of glyphosate, also often without sufficiently alternating it from one year to another, induced the appearance of glyphosate-resistant (GR) weeds. Over the last few years, the latter have complicated weeding and often induced the application of additional herbicides.”
Tous les herbicides ont vu se développer des résistances à certaines adventices … il n’y a rien de nouveau ici … et pas de quoi paniquer. Le mélange d’herbicides et les traitements alternés sont depuis longtemps mis en œuvre, à commencer par les triazines qui ont été les herbicides les plus utilisés et critiqués jusqu’à l’outrance !

2. “Table 1. Distribution of GM crop acreage in the world in 2010 (area in Million ha; from [2])”
Pourquoi indiquer que 100% des hectares plantés en cultures OGM se trouveraient dans seulement HUIT pays !!! Pourquoi ne pas mentionner que les OGMs sont aussi cultivés dans plusieurs pays européens … entre autres : l’Espagne, le Portugal, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Suède, etc.

3. “It appears that HT soybean crops use more herbicide than conventional soybean, and this gap increases over time.”
Voilà une critique facile puisque le glyphosate est un produit non dangereux pour l’environnement. Mais il faut semer en suggérant qu’appliquer un plus grand volume d’un produit non-dangereux dans l’environnement pourrait en fin de compte devenir dangereux.

4. “However, the pesticide risk indicators only take into account the active ingredients because agrochemical manufacturers generally do not disclose adjuvants. Surgan, Condon and Cox [44] showed that this can underestimate the risks of some pesticides such as glyphosate.’
Mais où sont les preuves expérimentales de cette sous-estimation des risques ?

5. “Glyphosate is often seen as having a fairly good toxicological profile, but some studies have reported adverse effects for some organisms, especially related to surfactants [50].”
Encore une critique curieuse au regard des positions des autorités d’homologation et de l’expérience acquise depuis des années.

6. “In the 1990s Monsanto considered there was almost no risk of the occurrence of GR weeds [6,60].”
On peut toujours faire dire à Monsanto ce qu’on veut…

7. “This case study of GMHT soybean in the USA shows mixed effects regarding sustainability, particularly since the trends occurring over time have been taken into account and not only the first few years.”
Ainsi les OGMs ne sont pas dangereux dans le court-terme, mais… on vous prouvera que c’est (peut-être) dangereux à plus long-terme

8. « Strictly speaking, part of “the impacts of GMOs” does not in fact come from genetic engineering in itself, but rather from the way in which it is oriented, used, regulated and implemented in practice. A better governance of GMOs needs to be put into place.”
Il n’y a donc aucun problème, mais il pourrait y en avoir… après 15 ans d’utilisation des OGMs sur 10% des terres arables du globe.

9. “Among the means put forward to provide a notable contribution in these areas, the use of science and technology are often proposed. In particular, GMOs and agricultural biotechnology are frequently presented to be full of promise. However, others project that GMOs will increase the probability of worst case scenarios, rather than solving any problems. Therefore it is useful to better evaluate transgenic crops, although until now only HT and Bt crops have been widely cultivated, which limits the appraisal.”
Il vaut mieux en rire… et plaindre les chercheurs qui auront passé leur vie uniquement à s’interroger sur les dangers des PGM ou sur ceux des antennes relais de téléphone…
Contact : B. AUXENFANS
Mél : auxenfansb(a)attglobal.net

Voir : http://www.acta-informatique.fr/?d=8274 Contact : Rémy Coffion Mél : remy.coffion(a)acta-informatique.fr

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Contact : Rémy Coffion
Mél : remy.coffion(a)acta-informatique.fr